Interview Franck Haroche | West Wake Park

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Interview Franck Haroche | West Wake Park

Premier cable park de Bretagne Sud (on oublie pas le Ty Taz Wakepark), le West Wake Park a été en 2017 du côté de Lorient par Franck Haroche. Cet ancien professeur de surf a décidé de tout arrêter pour lancer son propre téléski. Interview avec les propos recueillis par Ouest France.

Franck Haroche, la rencontre

Comment avez-vous eu l’idée d’implanter le concept du téléski nautique dans le pays de Lorient ?

Cela faisait 10 ans que j’avais lancé mon école de surf, au Fort Bloqué, à Plœmeur. Lors d’un voyage à Bratislava, en Slovaquie, j’ai découvert par hasard le concept de téléski nautique. Je ne savais même pas que ça existait ! L’idée m’a longtemps trotté dans la tête. Jusqu’au jour où un parc s’est monté en Loire-Atlantique, près de Nantes. Je me suis dit : il faut absolument ça dans le Morbihan.

Le téléski nautique, c’est quoi ?

Le téléski nautique est un moyen de traction électrique permettant la pratique du ski nautique sur un plan d’eau. Au West Wake Park, plusieurs activités sont proposées : le ski nautique, le kneeboard, une planche sur laquelle on est à genou, le wakeboard, planche où les pieds sont attachés et le wakeskate où les pieds sont juste posés.

Vous vous êtes installés à la carrière de la Bonne nouvelle, à Inzinzac-Lochrist. Une recherche de longue haleine ?

J’ai cherché tous les plans d’eau du coin. Il fallait qu’il ne soit ni trop étroit, ni trop long. Je passais des jours et des jours sur Google Maps. Puis je suis tombé sur la carrière de la Bonne nouvelle, qui était un terrain privé. Tel un enquêteur, j’ai dû trouver la propriétaire. Tout était en friche. Les travaux ont débuté en décembre 2016. On a eu des galères, et jusqu’à deux mois avant l’ouverture, en 2017, des questions de faisabilité revenaient.

Vos tarifs varient entre 18 et 20 € de l’heure. Moins cher que le ski nautique classique, tracté par un bateau. Vous souhaitez « démocratiser » la pratique ?

Certains n’ont jamais pratiqué la glisse. Nous voulons rendre ce sport accessible à tous. Il n’y a pas d’âge pour essayer et découvrir un sport extrême. Dès la première année, nous avons eu notre record. Paulette Le Loër, 77 ans, avait réalisé du premier coup deux tours de bassin sans tomber ! Nous mettons en place des créneaux où la vitesse est réduite. Passer de 30 à 25 km/h, ça ne paraît pas grand-chose, mais pour progresser et rester confiant, c’est nécessaire.

En Morbihan, y a-t-il des endroits qui vous ont marqué en tant que surfeur ?

J’ai découvert les sensations des vagues tout jeune, lorsque j’ai emménagé à Larmor-Plage. Mon cousin m’a appris, j’ai accroché. Pour ensuite enchaîner les compétitions à partir de 13 ans. La côte de Guidel Plages m’a marquée, forcément. En tant que surfeur, et comme tous les gens qui habitent dans le coin, je ne me verrais jamais vivre loin du littoral, même s’il fallait ouvrir un Wake Park ailleurs en France. Pour moi, l’océan, c’est ad vitam æternam.

Vous surfez sur les vagues morbihannaises depuis l’enfance. Quelles différences voyez-vous entre le surf sur le littoral et la glisse ici à Inzinzac-Lochrist, dans une ancienne carrière ?

Les deux disciplines demandent aux pratiquants beaucoup de concentration et d’application. Faire du surf, ce sont des sensations uniques. Mais c’est être beaucoup plus patient, passer son temps à chercher la bonne vague. C’est aussi se dire qu’on ne peut pas s’améliorer tous les jours car la pratique dépend des conditions météorologiques. Qu’il vente, qu’il pleuve, qu’il neige, on peut toujours faire du wake. C’est seulement lorsqu’un risque avéré d’orage est présent que nous suspendons l’activité, en raison de l’installation électrique.

Beaucoup se reconvertissent complètement. Lorsqu’on entre dans la vie active, qu’on a des enfants, c’est plus simple. Avec le wakeboard, on peut planifier ses sessions trois semaines à l’avance. Il y a juste à l’écrire sur son agenda. Pour ce qui est des sensations, on se rapproche plutôt du kitesurf (N.D.L.R. : sport de glisse nautique où la planche et le surfeur sont entraînés par l’action du vent sur un cerf-volant).

Avec ce Wake Park, y trouvez-vous une conscience écologique ?

Il faut le dire : le ski nautique classique tracté par un bateau est un sport très polluant. Entre les vagues qui détruisent les berges et les hydrocarbures qui sont rejetés dans l’eau… La nature ne nous remercie pas. Au Wake Park, heureusement, nous avons une empreinte écologique beaucoup moins forte. Ici, le pratiquant est tracté par un câble aérien électrique. Nous n’abîmons pas le site. Je le vois à la faune aquatique présente. En 2017, il y avait seulement trois carpes koï. Aujourd’hui, elles sont une centaine.

Nous n’avons aucun entretien à faire pour satisfaire la qualité de l’eau car elle provient de la nappe phréatique. Elle est sans cesse renouvelée et filtrée par toutes les roches alentour. Notre seule préoccupation est de nettoyer les déchets sur le site, mais surtout de prévenir tout risque de pollution, visuelle ou chimique.

Les Bretons sont-ils bons dans cette discipline ?

Il y a maintenant une petite communauté amoureuse du wakeboard qui s’est créée dans le pays de Lorient. Des passionnés qui payent un accès à l’année, et se lancent dans la compétition. Mais il faut admettre que c’est un sport très frime. Quand on glisse, on sait que tout le monde nous regarde depuis la terrasse. C’est aussi ce côté-là qui pousse à la progression. Les Bretons commencent à percer, mais nous avons été une des dernières régions aussi développées en matière de sports nautiques à s’équiper de téléski nautique. Chaque année, l’écart de niveau se réduit.

Vous avez accueilli 45 000 visiteurs en 2018. Le rayonnement touristique s’étend-il au-delà du Morbihan ?

Dans le département, nous sommes les seuls qui proposont ce concept. Être un incontournable du pays de Lorient, c’est au-delà de ce que je rêvais. Les gens se sentent bien ici, et reviennent tous les ans. On croise des Finistériens, des habitants de Loire-Atlantique, mais aussi des vacanciers anglais et allemands.

Et pour la suite ?

Nous avons sans cesse de nouveaux projets. Il y aura très certainement une nouvelle activité à sensations fortes en 2020 au WWP.

L’historique

1994
Emménage à Larmor-Plage et découvre le surf.

2006
Lance son école de surf au Fort-Bloqué.

2012
Voyage en Slovaquie et découvre le concept de téléski nautique.

2017
Ouverture du West Wake Park à Inzinzac-Lochrist

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